Petit chat

mercredi 28 octobre 2009

L'hôpital Cambodgien


Il y a des jours comme ça qui vous marquent...Vous ne savez pas trop pourquoi mais ils restent graver très longtemps dans votre mémoire. Je pense qu'aujourd'hui fait partie d'un de ces jours là.

Accompagné de Clotilde et Stéphane, deux membres de Pasteur Paris en mission H1N1 au Cambodge, je pars découvrir l'hôpital de Takeo. Je savais que la rencontre avec le monde hospitalier n'allait pas être forcément très simple mais l'état dans lequel j'ai trouvé cet hôpital a rendu, je pense cette rencontre encore plus impressionnante.

Nous avions donc rendez vous à 9h avec le contact de l'IPC Phnom Penh sur place, à savoir le pédiatre de l'hôpital de Takeo. Après avoir pénétré dans l'enceinte, nous traversons rapidement l'endroit en direction du bâtiment pédiatrique sans vraiment se soucier de notre environnement étant donné le retard que nous avons. Un individu nous indique le batiment dans lequel trouvé notre contact; le pas de la porte passé de jeunes enfants tout mimis jouent à la poupée et au ballon dans la grande salle dans laquelle nous venions de rentrer. "This is the building for little children with HIV" nous explique notre "guide". Ca, c'est que l'on appelle un baptême du feu !

Puis la "visite" commence. Comme dans tout hôpital qui se respecte, les patients sont accueillis en consultation externe (OPD = Out Patient Department) ou interne puis sont aiguillés vers les services concernés s'ils nécessitent une hospitalisation : pneumologie, pédiatrie, gynécologie, médecine interne... Chaque service a son propre bâtiment. Pour des raisons de pudeur et de respect fondamental, je n'ai pas pris de photos de l'intérieur des bâtiments où séjournent les patients. J'espère que vous me comprendrez.
Les salles de consultation de l'OPD sont très sommaires : une chaise et un bureau pour le médecin et un lit pour le patient. De vagues posters médicaux sommaires sont affichés aux murs. Ici, aucun soin n'est administré : on fait seulement un bref bilan de l'état de santé du patient. En début de semaine, on peut compter jusqu'à 70 patients par demi journée de passage en OPD.
Après l'OPD, notre guide pédiatre nous dirige vers le service de médecine interne. Bizarement, l'entrée est barrée par une grille dont seul le chef de service a la clé. "C'est le moyen le plus efficace pour éviter la propagation des germes" nous explique le pédiatre. Le batiment est traversé par un seul couloir déservant de chaque côté 8 chambres de malades. Allongés sur des planches soutenues par une armature en métal en guise de lit, les patients souffrant la plupart de maladies sévères séjournent à plus de 10 par salles. Il n'y a rien dans ces salles ! On y trouve un lavabo dans lequel se lavent les dents les familles présentes ici pour assurer l'intendance et l'hygiène de leur malades. Et c'est tout... Il y fait une chaleur pas croyable et la souffrance se lit facilement sur les visages. Les armoires à médicaments, vides, témoignent bien de l'absolue impuissance thérapeutique que les médecins ont à traiter leurs patients. Que faire quand on croise un regard malade ? Un sourire semble être le seul truc que j'ai à leur offrir...

Je sais bien qu'en France il y a la même chose mais j'imagine que ce n'est pas pareil parce que là, la pathologie et la souffrance sont encore moins cachées que dans nos hôpitaux et parce qu'ici on ne peut les 3/4 du temps rien faire pour les patients du fait du manque de moyens matériels.

Partout dans l'hôpital, les murs sont à l'origine blancs mais l'état d"hygiène fait qu'ils sont devenu marrons avec le temps. Nous passons ensuite au service de chirurgie et des urgences. Je ne décrirai que très peu ce service. Les patients s'y trouvant, toujours à 15 par chambre sont tous reliés à des perfusions et des poches de sang (saignées ou perf ? aucune idée) et sont trop mal en point pour pouvoir ne serait-ce que parler. Toujours les proches au chevet, à chaque chevet ! Le chef de service nous salue après avoir hôté son masque. Tiens, il nous sert la main comme ça et palpe de nouveau l'homme au chevet duquel il se trouve...

Puis c'est autour successivement des services de pneumologie et de pédiatrie d'être passé au crible. Aucune mesure de sécurité ni d'hygiène nous est demandé. On rentre comme ça dans les services, on en sort aussi facilement et on apprend que l'on est passé à côté de la chambre de tuberculeux ou que 3 cas de grippe H1N1 ont été diagnostiqué à Takeo.
Les bébés comateux à moitié défigurés par des brûlures, exposés en plein air sont là, à 30 cm de ma main. Que faire quand leur mamans me regardent avec insistance...comme pour les patients de médecine interne, un petit sourire; de toute façon j'ai que ça !

La visite se termine par la pharmacie. Vous l'aurez compris, elle est trop mal fournie. Il manque de tout. Après discussion avec la pharmacienne, j'apprends que l'hôpital est livré une fois par mois par des services du ministère de la santé mais qu'à chaque fois il manque les 3/4 de ce qu'ils ont commandé. Les étagères vides d'antibiotiques, d'alcool, de gels antiseptiques de compresses stériles en témoignent. La pharmacie se divise en deux parties : la première stocke les médicaments et est interdite au publique. La deuxième permet la dispensation des médicaments à l'unité.
Pour parler un peu plus pharmacie, le système d'ordonnance n'existe pas. Les patients recoivent gratuitement les médicaments dont ils ont besoin dans la limite des stocks disponibles. Il n'y a aucun lien entre les centres de soin et les pharmacies que j'ai pu voir dans les villes et décrire précédemment. D'ailleurs, les gens ne peuvent la plupart du temps pas se payer les médicaments nécessaires dans les dépôts urbains. S'ils sont de nouveau malades, ils reviennent à l'hôpital où ont affaire à la médecine traditionnelle. On oublie donc les notions de suivi de traitement ou d'observance.

J'ai essayé de décrire au mieux ce que j'ai vu, mais c'est pas évident parce qu'il y a trop de choses à dire. Voici quelques photos pour illustrer un peu ce long texte indigeste.

PS: regardez un peu les détails de la photo titre de ce billet. (papier toilette en guise de compresse, l'état de l'appareil de stérilisation, l'intérieur des "armoires" à pharmacie...)


Service de pneumologie


"réception" de l'hôptial




Chambres de malades...


Gynéco


Pharmacie interne


Il y a pas mal de trous quand même


Gros trou...


Réserve pharmacie


Dispensation à l'unité


Néonatalogie


OPD


Porte d'entrée de médecine interne