
L'Institut Pasteur du Cambodge (IPC) fait partie du réseau mondial de 24 instituts Pasteur hors de France qui se consacrent aux problèmes médicaux des pays en voie de développement. Réunissant une petite centaine de personnes à Phnom Penh, l'IPC vit comme une organisation privée à but non lucratif à partir de financements d'origine différente: subventions du gouvernement français, honoraires de consultation, revenus de différents contrats, dons privés...
L'IPC comporte un département virologie, bactériologie, épidémiologie moléculaire, épidémiologie / santé publique, des pros en immunologie au sein du département virologie et une unité VIH. Ces différents départements renferment des laboratoires avec paillasses et matériels dernier cri; une animalerie, une lingerie et des appartements sont également présents sur le site. Bref, tout est fait pour garantir l'autonomie de l'institut.
Le joyau de l'IPC est le P3 qui se trouve dans son enceinte. Vous avez surement entendu parler du laboratoire P4 à Lyon ou à Genève? Le P4 est en fait un laboratoire de sécurité maximale présentant tout un tas de systèmes (douche, scaphandre, plusieurs sas de décontamination...) garantissant la sécurité du personnel manipulant de sympathiques bêbêtes du type virus provoquant des fièvres hémorragiques (Ebola, Marburg...) ou des maladies infectieuses à haut pouvoir de dissémination et à haut taux de mortalité comme la variole. On ne peut pas faire mieux en matière de sécurité au laboratoire.
L'IPC présente à Phnom Penh un laboratoire classé juste en dessous du stade P4, à savoir P3 permettant ainsi de travailler sur des micro organismes relativement virulents. Situé entre les départements de virologie et de bactériologie, seule certaines personnes sont habilitées à y pénétrer; il est toujours très impressionnant de voir comment fonctionne ce genre de structure.
La viro et la bactério procèdent chaque jour à des contrôles de routine d'échantillons provenants de patients hospitalisés à Phnom Penh ou ailleurs. Diverses choses sont mis en valeur: tuberculose, VIH, infections bactériennes, grippes, dengue... Cela n'empêche pas les scientifiques et autres internes de ces départements d'effectuer en parallèle des études (de la recherche ! ) sur des sujets encore plus diverses.
La santé publique / épidémiologie couve aujourd'hui de nombreux projets de recherche dont la plupart multicentriques (sur plusieurs Instituts Pasteur dans le monde) à propos du VIH, des pathologies provoquants des fièvres, des grippes, de la dengue ou des maladies nosocomiales. Je participe à ma manière à ces différents projets. Etant tellement importantes du point de vue durée d'étude, nombre de patients incriminés et pathologie concernée, il n'est pas rare de voir d'autres sous projets émanés des études principales; d'où la complexité de certains travaux...
Enfin, quelques mots sur le personnel. L'IPC rassemble de nombreux corps de métiers: scientifiques, vétérinaires, médecins, pharmaciens, épidémiologistes, data managers, anthropologues garantissant la richesse de ce genre de structure. La plupart du temps, les gens qui travaillent ici sont de passage pour quelques mois voir quelques années et repartent vers d'autres instituts Pasteur. Lors de mon séjour, un pharmacien de Pasteur Antananarivo a débarqué à Phnom Penh remplacant un scientifique partant pour Pasteur Paris.
Je finirai ce billet par ces quelques mots du directeur de l'IPC, Mr Deubel :
"les Pasteuriens sont des pions voués a être manipulé et à constamment être changé d'environnement permettant l'échange de connaissance au sein des Institut Pasteur et garantir ainsi la si grande richesse du réseau"
Je ne me considère pas du tout comme un Pasteurien car mon action n'est que trop futile mais je suis en tout cas bien fier d'avoir appartenu en tant qu'étudiant à l'Institut Pasteur tant les travaux menés y sont enrichissants et les intervenants rencontrés brillants...