Petit chat

dimanche 13 décembre 2009

Le peuple Khmer



Les khmers sont adorables. Ils sourient, sont accueillants et sont très sympathiques. Ils sauront se rendre disponibles de façon à ce que tout aille pour vous et que vous passiez un agréable moment. Les khmers n'hésiteront pas à vous céder leur chaise si par hasard vous devez patienter un instant auprès d'eux. Vous avez l'air perdu...Bougez pas, un chauffeur de tuk-tuk marche dans votre direction et il saura peut-être vous renseigner. Vous avez besoin de quelque chose et vous ne savez pas où le trouver ? N'ayez crainte, si vous demandez gentiment on ira le chercher pour vous.

Mais malheureusement toute cette gentillesse a parfois ses limites. Oui on vous aidera, oui on viendra à votre rencontre, oui on vous conseillera mais tout ceci sera limité par la simple compréhension de votre requête. En effet, par pure politesse, les khmers ne savent pas dire non; encore pire, n'ayant pas le courage de dire "je ne sais pas" de peur de perdre la face, les petits khmers préfèreront dire une énorme bêtise. Cherchant une grotte à Kampot, on nous a indiqué une direction et une distance. La vérité était à l'opposé et à quelques mètres de là ou nous avons tenté de nous renseigner.
Car le problème est bien la compréhension. La barrière de la langue fut d'après moi pendant longtemps un paramètre primordial à l'assimilation du message que je voulais faire passer. Malheureusement, les expériences de divers expat' ont montré que même en parlant leur langue, le khmer, ils ne comprenaient toujours pas ce qu'il fallait comprendre. Il s'est avéré que le problème est encore plus profond...Les khmers ne savent pas s'écouter. Même entre eux, les khmers tenteront de dire ce que leur interlocuteur veut entendre et pas la vérité ou leur opinion.

Comment voulez vous tenter de savoir s'ils ont compris le protocole d'une étude s'il est impossible pour eux de dire "pouvez-vous me réexpliquer, j'ai rien compris" ? Chaque jour est source de surprises à Pasteur quand les échantillons des hôpitaux arrivent. En pur professionnel habitué des sociétés occidentales, on est obligé la première fois de s'enerver face à cela. "Mais c'est quoi ce b*****? Qu'est-ce qu'ils foutent ? C'est pas possible !" Au file des jours, on s'en fait une raison et on tente d'avancer...parfois désespérement.

Le peuple khmer est un peuple qui a pendant de nombreuses années été brutalisé et soumis. Cette soumission est encore très présente dans le sens où quand il n'y a pas un "chef" derrière les petits khmers sensé les guider dans leur tourmente, ils sont perdus. Un jour au labo un technicien a voulu imprimer un document. Cependant, il n'y avait plus d'encre dans la cartouche. Au lieu de tenter de la remplacer, le petit khmer est resté "bloqué" devant avant d'aller imprimer dans une autre salle, laissant l'imprimante telle quelle.
On a l'impression quand on cotoie du personnel médical que leur connaissance est le reflet plus d'un apprentissage complet à la lettre d'un manuel de médecine plus qu'une réflexion/déduction à partir d'expériences et de bases assimilées à la faculté. "Si ça rentre pas dans la case, je suis perdu, qu'est-ce que je fais? De quoi souffre ce patient ?". La encore la notion de soumission resurgit. Par le passé, on n'a jamais demandé l'avis au peuple khmer; on les a forcé à faire ceci ou cela sans explication. C'était, j'imagine le cas dans le milieu universitaire il n'y a pas si longtemps que ça. On leur a dit que pour être médecin il fallait apprendre par coeur le bouquin de physiologie sans tenter de les faire réfléchir, sans essayer de leur demander ce qu'il pensait, ce qu'ils avaient compris. Quand on interroge en tête à tête un petit khmer sur un cas clinique, il est perdu car il n'a pas l'habitude d'avoir affaire en solo à quelqu'un. D'habitude, on parle à un groupe de médecin et pas à un professionel de santé en particulier sur ce qu'il pense LUI du patient en question.

Enfin, ce qui encore plus frappant est leur comportement quand un individu est en détresse. Si par le plus grand des malheurs vous avez un accident de voiture ou de moto, ne cherchez pas à recevoir de l'aide de la part des khmers se trouvant sur les lieux du drame; ils vous laisseront sur le bord de la route dans l'état dans lequel vous êtes et vous regarderont comme l'instinct grégaire humain pousse certains européens a fortement ralentir sur les autoroutes pour voir le carton. C'est un phénomène que je n'explique pas surtout pour un peuple qui baigne dans la culture bouddhiste ou l'autre a une place primordiale. Cette notion illustre bien l'étrange comportement égoïste qu'ils manifestent les uns envers les autres. Sur la route par exemple, on ne se regarde pas, on ne manifeste rien, on ignore l'autre tout simplement. Pourquoi ? Peut-être parce qu'en temps de guerre, alors que le peuple souffrait la mentalité pour survivre était plutôt du genre chacun pour soir; si c'est pas toi qui mange mais ton voisin, tu es le prochain à y passer. Chacun pour soi et on verra qui est le plus résistant.

Évidemment, il y a des exceptions et le discours que je viens de tenir n'est pas universel. J'espère qu'il ne vous choquera pas et que vous saurez apprécier autant que ce peuple si gentil qui est plus à plaindre et à aider qu'à blamer et à enfoncer. Ils sont de très bonnes volonté et ne demandent qu'à progresser.